Waste Land

Lucie Walker, réalisatrice de ce film documentaire, a été le témoin privilégié de cette extraordinaire aventure humaine qui nous offre la preuve éblouissante du pouvoir de l’art.

…Vik Muniz, artiste brésilien, vit à Brooklyn. Il arrive à un carrefour de sa carrière où les Beaux-arts ne lui suffisent plus. Il veut travailler la matière, les matériaux naturels. Il désire retourner sur sa terre natale, le Brésil, où il a vécu pauvrement. Pourquoi ne pas aller sur la grande décharge d’ordures « Le Jardin Gramacho » dans la banlieue de Rio de Janeiro ? Là, il photographierait les « catadores » (mot brésilien désignant les trieurs de déchets recyclables) et il essaierait de composer des œuvres d’art à partir des déchets recyclables.

Lors de son repérage, il remarque des jolies femmes, ainsi que le directeur de l’association des catadores, Tiao, qui défend les droits de ces travailleurs et régle les problèmes qui peuvent se poser entre eux.

Au fur et à mesure de sa lente et patiente collaboration avec ces personnages hors du commun, Vik va saisir tout le désespoir et la dignité de ces travailleurs. Les femmes n’hésitent pas à dire qu’elles auraient pu se prostituer, mais qu’elles préfèrent travailler à la collecte des déchets recyclables pour les revendre et recevoir leur petit pécule qui fait vivre modestement leur famille. Elles sont fières de leur travail honnête, bien qu’elles souffrent du dédain des gens – lorsqu’elles prennent le bus – rebutés par la mauvaise odeur. « Laissez-moi rentrer à la maison, je gagne ma vie honnêtement. Lorsque j’aurai pris ma douche et lavé mes cheveux, je serai aussi belle que vous » racontait l’une des femmes.

Vik Muniz décide maintenant de travailler en studio pour réaliser avec les photos des œuvres d’art. Quelques femmes et Tiao qui a posé en « Marat assassiné » dans une baignoire, vont prendre part à l’œuvre de l’artiste et vont parvenir à réinventer leur vie. Scènes émouvantes de cette fourmilière de mains autour des photos pour les retravailler et les décorer de déchets recyclables et en faire une œuvre d’art. Une amitié sans borne s’établit entre tous ces travailleurs pour qui le travail difficile sur la décharge prend son sens.

Le tableau « Marat » est vendu 50000 $ dans une salle aux enchères de Londres. Tiao qui assistait à la vente, pleure d’émotion en revoyant toute sa vie et s’exclame « Je n’aurai jamais imaginé devenir une œuvre d’art ». De la vente de tous ses tableaux Vik Muniz a récolté 250 000 dollars qu’il a reversé à l’association de Tiao. On oubliera jamais ces scènes émouvantes, où il retrouve chaque « artiste » dans sa maison et où il installe au mur une copie du tableau les représentant.

3 années de tournage, Nomination aux Oscars, peu de publicité autour de ce film en France… Et pourtant, quelle belle occasion de découvrir ces hommes et femmes condamnés par leur pauvreté à faire un travail aussi difficile, mais gardant leur joie, leur humour et leur dignité et surtout…leurs rêves vers une vie meilleure.
N’hésitez pas à aller le voir. Il passe dans 3 salles actuellement à Paris.

Jeanne Baudu.

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