La Maison d’Anne Frank

Credit : Cris Toala Olivares

Credit : Cris Toala Olivares

Auteur d’un journal secret, Anne Frank est une jeune fille juive cachée avec sa famille pour échapper à l’horreur de la seconde guerre mondiale.

‘La radio anglaise parle d’asphyxie par les gaz. Je suis complètement bouleversée.’

Anne Frank, 9 octobre 1942

Les visages sont solennels, concentrés, presque armés pour la peine et l’émotion. La visite de la Maison d’Anne Frank sur le Prinsengracht d’Amsterdam ressemble à un voyage vers le recueillement. L’empathie est palpable dans chaque pièce, devant chaque photo, dans le regard de chacun. Ils viennent du monde entier, ont plus de 10 ans et moins de 100 ans, sont en famille ou entre amis, souvent étudiants. En 2012, plus d’un million de personnes sont venues découvrir l’histoire d’Anne Frank qui est aussi une histoire de transmission. Lors de son récent séjour aux Pays-Bas et avec une réelle authenticité, Whoopi Goldberg était présente ici, avec sa fille et sa petite fille.
Ces deux amies semblent aussi particulièrement touchées, même si elles n’ont pu pénétrer dans la Maison d’Anne Frank qu’après une heure et demie de queue. « Ma grand-mère m’a beaucoup sensibilisée à cette partie de l’histoire » murmure Véronique G., fonctionnaire à Paris « sa maison était occupée pendant la seconde guerre mondiale et parmi les livres que j’ai découvert chez elle se trouvait le journal d’Anne Frank. Pour moi, un voyage à Amsterdam passait obligatoirement par ce musée. Je pense à tous ces gens qui ont vécu l’impensable, à cette pauvre gamine de 13 ans qui n’attendait que de vivre et s’est retrouvée enfermée entre 4 murs. »

‘Quand j’écris, je me débarrasse de tout, mon chagrin disparaît, mon courage renaît !’

Anne Frank, 5 avril 1944

Anne Frank est née en Allemagne. Sa famille se réfugie aux Pays-Bas après l’arrivée d’Hitler en 1933 et est finalement obligée de se cacher en juillet 1942 dans l’Annexe de l’entreprise d’Otto Frank, le père. Par la fenêtre du grenier, Anne voit la lumière du jour et peut admirer la nature avec son premier amour, Peter. Ils aimaient regarder un « …marronnier dénudé aux branches duquel scintillaient de petites gouttes… »
Aujourd’hui, sur le toit de la Maison d’Anne Frank, l’ambiance est intimiste, un peu comme dans un espace sacré. Les cloches de l’église sonnent pour confirmer cette ambiance. Annemarie Bukker, responsable de la communication depuis 9 ans, nous aide à plonger dans l’unique paysage accordé à la jeune fille. « L’arbre est tombé en août 2010 » soupire-t-elle « on savait qu’il était malade et que cela pouvait arriver. Heureusement qu’il s’est effondré sans faire de victimes. » Le vent et la pluie ont donc eu raison du marronnier centenaire et ce jour là, les conditions d’attente pour le public ont été très particulières.

Mais en ce début de semaine, le soleil brille et à l’extérieur, les visiteurs doivent patienter un long moment pour s’introduire dans l’habitation historique. Sans impatience. Parce qu’ils savent que les pièces et les escaliers étroits ne peuvent accueillir beaucoup de personnes à la fois, que l’histoire de cette demoiselle juive doit se partager dans la dignité que ne servirait pas une cohue bruyante. Et puis le musée fait de petits gestes quotidiens, comme la distribution d’une brochure, d’un parapluie en temps de pluie, et bientôt une fontaine d’eau potable sera même installée. Pas de cris et de bousculades donc, on est déjà en 1943, la guerre fait rage et les allemands exterminent hommes, femmes et enfants juifs parmi lesquels Anne, 15 ans… au regard inoubliable.

‘Un jour, cette horrible guerre se terminera enfin, un jour nous pourrons être des êtres humains et pas seulement des juifs !’

Anne Frank, 11 avril 1944

Dans l’une des dernières pièces du musée, les visages sont figés. Dans une vidéo bouleversante, les visiteurs découvrent le visage d’Otto Frank, le seul survivant de la famille. Il décrit sa fille Anne comme secrète sur ses émotions intimes et ne découvrira sa véritable personnalité qu’à la lecture de son journal. Il décide finalement de le publier en sachant qu’elle ne reviendra jamais. Otto Frank, grâce à qui le passé a pu être conservé, est décédé en 1980, à l’âge de 91 ans.

Crédit : Cris Toala Olivares

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